LA SDN ET L’ONU : STRUCTURES ET MOYENS (IV)

Publié le par Sylvain Altazin (Dionys)


  • Le Secrétariat

 

Le Secrétariat est composé du personnel que peut exiger l’Organisation et d’un Secrétaire général. Ce dernier, qualifié par la Charte de « plus haut fonctionnaire de l’Organisation », est nommé par l’Assemblée générale sur recommandation de Conseil de sécurité pour cinq ans renouvelables. Le Secrétaire général assume des fonctions administratives en sa qualité de chef du Secrétariat général (gestion du personnel, préparation du budget, enregistrement et publication des traités). Mais il est surtout amené à jouer un rôle notable, le plus symbolique et médiatique qu’effectif, dans la politique internationale. Les secrétaires généraux, depuis la création de l’ONU sont Trygue Lie (1946-1952), Norvégien ; Dag Hammarksjöld (1953-1961), Suédois ; U Thant (1961-1971), Birman ; Kurt Waldheim (1972-1981), autrichien ; Javiez Perez de Cuellar (1982-1991), Péruvien ; Boutros Boutros-Ghali (1992-1996) ; Kofi Annan (1996). Ils peuvent être amenés à jouer un rôle important dans le règlement pacifique des différends en facilitant par son intervention une solution négociée. Kofi Annan a par exemple obtenu la conclusion de l’accord de Bagdad en 1998. 

 

b) Les organes subsidiaires

 

Ils sont en principe constitués par les organes principaux et sont dépourvus d’autonomie administrative et budgétaire. Leur importance est notable comme suffit à l’illustrer notamment la Commission du droit international, le Tribunal administratif des Nations Unies, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, le Tribunal pénal international pour le Rwanda, etc. Etant donné l’envergure de leurs activités, certains organes subsidiaires ont changé de statut en se transformant en institutions spécialisées.

 

c) Institutions spécialisées

 

Elles sont regroupées dans « le système des Nations Unies », expression qui suggère bien l’ambition onusienne de coordination de ces institutions dont les activités couvrent tous les aspects techniques et culturels de la vie sociale. Chaque institution est en effet rattachée à l’Organisation sur la base d’un accord qui permet de coordonner leurs activités. Ces institutions, dont un certain nombre existaient avant la création de l’ONU demeurent très variées : l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les organisations dites de Bretton Woods (FMI, BIRD, SFI, AID), etc.

 

C) Conclusion

 

Il paraît essentiel de souligner que l’ONU, élément très modeste de l’ensemble complexe au sein des relations internationales, n’est pas un acteur indépendant sur la scène politique, contrairement à ce que prétendent les médias et laissent entendre certains hommes politiques pour ne pas endosser la responsabilité de décisions qui ne dépendent que d’eux-mêmes (tel François Mitterrand déclarant le 20 juin 1991, pour expliquer son engagement dans la guerre du golfe, que la France y était présente « en raison des décisions du Conseil de sécurité »). L’ONU est en fait essentiellement le Conseil de sécurité, où les Etats-Unis et les grandes puissances font la loi et où aucun membre permanents (dont la France) ne peut être lié par une décision qu’il n’aurait pas expressément approuvée, et le secrétaire général qui ne peut prendre aucune décision politique sans l’accord du Conseil et qui dispose seulement de quelque autorité en matière de gestion.

Dans le domaine du développement et de l’assistance humanitaire et par le biais du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) ou encore du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’action de l’ONU s’avère parfois très utile. Il s’agit cependant d’action devant faire face à des actions urgentes et locales. Des millions d’enfants continuent d’être utilisés comme travailleurs, la pauvreté et la misère s’accroissent dans les bidonvilles d’immenses métropoles. Et l’ONU, loin d’avoir enrayé les inégalités à travers le monde sert plus de pansement que de remède. Les firmes internationales ou multinationales, les ONG, les relations diplomatiques bilatérales, les sommets ou autres alliances militaires

Dans le domaine de la sécurité et du maintien de la paix, on dénombre plus d’échecs (Angola, Chypre, Sahara occidental, Afghanistan, Yougoslavie, Haïti, Rwanda, etc.) que de succès, souvent précaires d’ailleurs (Namibie, El Savador, Cambodge, etc.). D’autant qu’il arrive fréquemment que les problèmes sont renvoyés à l’ONU dès lors qu’ils apparaissent comme insolubles : le cas du conflit israélo-palestinien (1947-1951) dont a voulu se décharger le Royaume-Uni est tout à fait typique.

 



CONCLUSION GENERALE

 

Appréhender l’efficacité des  de la SDN et de l’ONU nécessite de s’interroger sur les fins et les faits. Transcender le verbalisme pour le réalisme. Toute organisation internationale n’a pour compétences que celles que ses Etats membres lui ont attribuées. Là, essentiellement, se situe l’Tantôt assurant le maintien de l’ordre établit ou exécuteur des décisions des grands (et, en particulier, des Etats-Unis), synonymes de succès, parfois, mais le plus souvent en tant qu’instrument des puissances, l’ONU, si elle succède à la SDN et parvient à plus de crédibilité que la précédente (du fait d’une grande médiatisation, de moyens et de structures plus efficaces) est loin d’avoir répondu aux rêves que l’on avait construit autour d’elle. L’une des explications est sans doute qu’il n’y a jamais eu, en matière de paix, le pendant de Clausewitz. La faiblesse des idées sur la paix et la quasi absence de production sur les techniques qui pourraient permettre d’établir la paix témoignent plus que jamais d’un intérêt plus grand, parce que plus « jouissif », plus « facile » voire plus « naturel » pour la guerre. Dès lors, en matière de moyens et de structures, on peut rêver d’une ONU qui serait la première puissance économique et militaire du monde, et d’un Koffi Anan devant qui se prosternerait Bush et Ben Laden, les intérêts égoïstes des banques et des actionnaires…

 



Bibliographie

 

La Société des Nations, Michel Marbeau, Que sais-je ?

L’ONU, Maurice Bertrand, collection Repères

L’ONU, Frédérique Mestre-Lafay, Que-sais-je ?

Le Mythe des Nations Unies, l’ONU après la guerre froide, Pierre-Edouard Deldique, Hachette livre

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